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mercoledì 15 ottobre 2008

Entretien avec Zoé Gruni

Vernissage jeudi 23 octobre 2008
à partir de 18h.
En présence de l'artiste

exposition jusqu'au 28 novembre 2008
Commissaire d'exposition : Enrico Pedrini



Enrico Pedrini : Ce n'est plus tant à la pensée humaine d'envisager l'analyse en détail des contenus de la pensée même (ce qu'en Art on désigne comme Conceptuel), mais plutôt de participer à la vie des choses et des événements. Se mettant à l'écoute des choses, l'homme s'expose à elles plus qu'il ne s'impose. Cela lui vient de la recherche d'un nouveau désir d'identité, d'appartenance à un contexte de territoire et de culture. Par sa vitalité, un artiste cherche donc à résister, par son travail, à un monde qui veut le rejeter comme présence et richesse humaine. Sa pensée sera donc le lieu d'une variété de traces, de cas, qui coexistent tout en "se partageant". Quelles sont les raisons qui t'ont poussée vers un travail comme le tien ?

Zoé Gruni : Plus qu'à des raisons je pourrais dire que je répondais à des urgences. J'ai commencé mon travail artistique pendant l'adolescence, d'une façon très instinctive, presque brutale. Il s'agit certainement d'une réaction (probablement inconsciente) à l'homologation débordante. Ma réponse ne pouvait qu'être une réflexion intime sur l'identité et sur la mémoire.

E.P. : Les médias électroniques ont sans doute modifié en profondeur les caractéristiques d'un lieu et de son espace. Tandis qu'ils changent les caractères informatifs de l'endroit, les médias remodèlent les situations et les modalités sociales, tout en amoindrissant la valeur des lieux comme systèmes surs de renseignements. Par conséquent chaque individu semble jouer plusieurs rôles sur des scènes différentes, donnant à chaque public une vision différente.
Cette exigence de t'exprimer par des langages divers, comme la performance, la photographie, les objets et les vidéos te vient-elle de cette aptitude à la multimédialité ?

Z.G. : La multimédialité de mon travail me vient de l'exigence de le raconter depuis des points de vue différents, non pas d'un seul, étant donné la présence active du corps de l'œuvre. Donc les moyens différents servent, en des phases différentes, à exprimer la même chose. Le dessin comme l'idée, la sculpture comme la matrice, la performance comme l'action et, par conséquent, la vidéo comme instrument de documentation et la photographie comme image finale.

E.P. : Ton travail me fait penser à un événement qui avait lieu en Toscane, lors des siècles passés et qu'on nommait Veglia. Les paysans se réunissaient de temps à autre dans les fermes diverses où ils donnaient vie à une réunion conviviale structurée en trois phases : dans la première partie de la Veglia, les participants débattaient les problèmes réels et pratiques de leur travail ; la deuxième partie était une concours entre ceux qui arrivaient à se moquer avec le plus d'intelligence et de ruse des divers personnages du village ; la troisième et dernière partie de cette rencontre devenait une vraie compétition entre ceux qui déclamaient le mieux les poésies des divers auteurs, tels que Dante Alighieri, Petrarca, Boccaccio, etc. Il s'agissait donc d'une sorte de performance de déclamations collectives interdisciplinaires, riche en interactions. Ton travail me parait lié à cet esprit de liberté multiculturelle, qui est une caractéristique toscane.
Quels sont les points de contact entre la Veglia et les langages de ton œuvre ?


Z.G. : Il y a plusieurs points de rencontre, par exemple, le travail manuel et le choix d'une matière pauvre et fonctionnelle, le chanvre, qui offre des ressources infinies et que, comme le porc, on utilise tout-entier. Un matériau qui passe de deux à trois dimensions, lorsqu'il épouse la forme d'un corps, jusqu'à devenir une vraie personnalité, parfois reconnaissable (évêque, guerrier, épouse, juge...). Des personnages interchangeables que l'on endosse et qui ont besoin de se raconter par des moyens et des langages différents. Ce n'est pas par hasard si, suivant leur propre évolution naturelle, les œuvres sont devenues spectacle. Il était devenu nécessaire de partager, d'échanger, de participer.
Dans le spectacle "Entretien avec la pierre" (Roselle, Grosseto 2007) réalisé dans une vieille carrière abandonnée, les sculptures (rapportées à la musique et au théâtre) jouaient toutes entourées par le public (comme dans le Metato) pendant qu'une actrice déclamait des poésies.

E.P. : Ton activité est très significative soit par l'attachement à tes racines culturelles qu'à la nature et au corps. Ton engagement physique s'exprime par une expression originale toujours reconnaissable, où des multiples éléments entrent en scène et interagissent.
Peux-tu m'apporter une clarification à propos des dispositifs à travers lesquels tu formule tes images ?

Z.G.: L'image n'est jamais tout-à-fait claire pour commencer. Elle part souvent d'une implication émotive, que ce soit une forme, une atmosphère, une vicissitude intime, une expérience, un voyage, une nouvelle... Mon désir de communiquer avec les autres me porte à fondre les images subjectives de ma mémoire avec les formes "communes" de la mémoire collective. J'expérimente avec le corps, je m'incorpore à l'image pour la délivrer ensuite dans l'espace. C'est le seul instant où j'ai l'illusion d'arriver à mettre un peu de synthèse dans mon chaos.

Galerie Depardieu
64 boulevard Risso - 06300 Nice – France
Tél +33 0 497 121 299 -

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